Mathilde MESTRALLET


Avant les forêts,

Village lorrain à caractère essentiellement rural jusqu’en 1957, Behren les Forbach a connu une
transformation et une croissance rapides de sa population avec la construction d’une cité par les
Houillères du Bassin de Lorraine (H.B.L.), passant en quelques années de 300 à plus de 10 000
habitants. Un clivage entre habitat rural, traditionnel, et logements collectifs va progressivement
marquer cet espace, entre forêt et village ancien, entre espace coutumier et espace aménagé.
Cet événement va également marquer l’affrontement de deux temporalités. D’un côté, le temps
long du village, de son histoire et des trajectoires individuelles et collectives de ses habitants; de
l’autre, le temps court, linéaire de l’exploitation minière (de son début et de sa fin prévisible), des
grands ensembles et de leurs résidents.
Cette série de photographies s’intéresse à Behren-Cité, un grand ensemble situé entre la forêt
et l’ancien village. La Cité-labyrinthe, est composée de bâtiments à l’architecture répétitive.
L’espacement des immeubles, l’organisation de l’espace construit fait écho à l’agencement de
la nature. Mais par-delà cette rigueur apparente, les habitants ont su se réapproprier l’espace.
Des chemins, des pistes, des lignes de fuite, ou d’autres traces du quotidien (manifestation de
l‘espace habité) traversent les pelouses et les espaces verts de la ville. Ces pistes dessinent
une topographie singulière des lieux. L’attention que j’ai portée à ces espaces de circulation, à
ces espaces intermédiaires entre espace privé et public était pour moi le moyen de faire apparaître
cette manière singulière qu’ont les habitants de s’y représenter.

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